Les valeurs des modes et des temps verbaux
Dans les tableaux de conjugaison, les formes sont hiérarchisées selon trois niveaux : les « modes » ; à l’intérieur des « modes », les « temps » ; et pour certains modes, les temps sont divisés en personne: il y a donc des modes personnels et des modes non personnels (ces derniers sont en fait les diverses utilisations des participes présents et passés dans la phrase ainsi que des infinitifs ; ils seront ici passés sous silence).
Définition de la valeur des modes verbaux
Les modes des verbes (indicatif, impératif, subjonctif, conditionnel...) ont des valeurs bien distinctes mais il peut y avoir entre eux des équivalences car l’on peut exprimer une même idée de différentes manières.
a) l’indicatif
Il sert à exprimer, soit dans des propositions indépendantes et principales, soit dans des propositions subordonnées introduite par une conjonction de subordination, la certitude, la déclaration, le jugement, la pensée, une croyance, mais aussi la probabilité. Seuls les temps de l’indicatif expriment une temporalité.
Ex: Je ne vois rien.
Elle était sûre d’arriver à l’heure.
J’affirme qu’il fait beaucoup trop chaud!
b) l’impératif
Le mode impératif ne comporte que deux « temps » : le passé et le présent, et que trois personnes :la deuxième du singulier, la première et la deuxième du pluriel.
Il permet d’exprimer un ordre ou une interdiction, orienté vers le futur, l’ordre ne sera exécuté qu’après le moment où il aura été formulé.
Ex: Ne va pas te noyer!
Parle-lui donc!
Aie terminé tes devoirs avant de passer à table !
c) le conditionnel
Il sert à émettre une hypothèse, une supposition, valable pour le présent ou pour l’avenir, si on emploie le présent, relative au passé : conditionnel passé.
Ex: Elles nous rejoindraient, si elles le pouvaient.
À l’époque je n’aurais pas pu faire cet achat.
Par ailleurs le conditionnel peut être mis en parallèle avec un autre « temps ».
Ex: Véronique promet qu’elle viendra au concert.
Véronique a promis qu’elle viendrait au concert.
Dans les deux phrases, le second événement est présenté comme postérieur à l’autre. Dans la première la promesse est faîte au présent, dans la seconde elle est faîte dans le passé. Le conditionnel fonctionne ici comme un futur dans le passé. Il a donc une valeur temporelle.
d) le subjonctif
C’est le mode le plus employé dans les propositions subordonnées (exprimant l’éventualité, l’hypothèse, la possibilité, le sentiment, le souhait, le désir, la date, le conseil…) C’est ce mode qui doit être utilisé dans les subordonnées assujetties à des principales dont le verbe exprime l’ordre, le conseil, l’attente, l’obligation, la crainte, l’étonnement, la douleur…
Définition de la valeur des temps :
a) le présent à l’intérieur de l’indicatif
C’est le temps de l’énonciation. Il indique que l’événement coïncide avec le moment de l’énonciation ou englobe ce moment. Il est employé pour :
1- Marquer un fait actuel.
Ex : Je descend à l’atelier.
2- Exprimer un fait habituel.
Ex : Quand il pleut, je prends un parapluie
3- Une pensée d’ordre générale, le présent dit gnomique, celui des théorèmes et des proverbes.
Ex : Bien mal acquis, ne profite jamais.
b) l’imparfait
On se situe dans le passé, il existe une indétermination sur les limites temporelles de l’événement, ce qui confère à l’imparfait sa principale valeur d’emploi, indépendante du contexte : c’est le temps de la toile de fond, celui qui exprime les faits d’arrière-plan sur lequel se détachent, en premier plan, les faits au passé simple ou au passé composé. L’imparfait sert entre autres à marquer :
1- (une action simultanée par rapport à une autre)à la date indiquée par le contexte, l’action est en train de s’accomplir et est non accomplie.
Ex : Lorsque vous étiez à St Malo, je séjournais à Cannes.
2- la répétition de l’action.
Ex : Au Moyen-Âge les hivers étaient fort rudes.
3- la supposition.
Ex : Faîtes comme si vous étiez sur place !
4- une action en cours dans le passé.
Ex : Sous la tamarinier, au crépuscule, des enfants commençaient à jouer.
c) le passé simple
Le passé simple est le temps de l’énonciation historique, c’est le temps de distanciation maximale entre le fait rapporté et l’énonciateur qui le rapporte. C’est un passé autonome. Il sert entre autres à marquer :
1- un fait passé à un moment précis.
Ex : Le spectacle était commencée depuis vingt minutes quand Thomas arriva.
2- la narration.
Ex : Alors se produisit un événement inouï…
d) le passé composé
Il est la forme composée du présent, il est l’accompli du présent.
Ex : Maintenant, je comprends.
Maintenant, j’ai compris.
Il peut également indiquer simplement que l’action se situe dans le passé, bien qu’elle soit inaccomplie.
Ex : Hier, je suis allé au concert.
e) le futur simple
Il situe le moment de l’événement après l’énonciation. Il présente l’événement comme non accompli. Le futur présente un événement à un moment de son déroulement, sans spécifier ses limites dans le temps.
1- Il indique qu’une action va se produire ou devrait se produire, dans un avenir plus ou moins proche.
Ex : Quand viendra l’heure, au bord d’un lac…
Jeudi, j’irai au Salon du Livre.
2- Il existe aussi un « futur de politesse » qui donne une formulation atténuée de l’affirmation.
Ex : Je vous dirai que, à ce moment-là, je n’étais qu’un débutant.
3- le futur dit d’hypothèse atténue l’affirmation.
Ex : Il sera passé devant elle sans la remarquer.
4- Le futur permet une atténuation de l’injonction dans une phrase déclarative ou interrogative.
Ex : Tu rangeras te chambre.
Tu continueras longtemps ?
f) le futur antérieur
Il présente l’événement comme accompli à un moment futur. Il indique :
1- qu’une action sera passée quand une autre interviendra.
Ex : Dès que j’aurai fini ce rapport, j’irai à la conférence.
2- qu’on formule une hypothèse.
Ex : Vous aurez sans doute mal compris.
3- qu’une action sera achevée à une date plus ou moins précise.
Ex : Ce jour-là, on pourra dire que l’Humanité aura fait un grand pas.
g) le passé antérieur
Il indique surtout une action passée qui a précédé immédiatement une autre action passée : c’est un passé accompli.
Ex : Lorsque Richelieu eut appris le complot de Cinq-Mars, il réagit avec vigueur.
h) le plus-que-parfait
Il a un même emploi que le passé antérieur mais il n’y a pas de succession immédiate entre les deux faits.
Ex : Alors qu’on avait proclamé la République depuis un siècle, les inégalités persistaient.
Un autre emploi se trouve être une simple constatation dans une proposition indépendante.
Ex : Les grands-parents étaient arrivés l’avant-veille.
i) les temps surcomposés
Usités dans la préposition subordonnée, ils doivent exprimer l’antériorité d’une action par rapport à l’action mentionnée (déjà à un temps composé) dans la subordonnée principale.
Ex : Quand il eut fini de peindre, il a pris une imposante collation.